La désalpe de Charmey
Un peu de géographie et de vocabulaire pour commencer !
Plus connu ailleurs sous le nom de transhumance, la désalpe en Suisse est une fête traditionnelle de montagne qui célébre le retour en plaine des troupeaux après plusieurs mois passés à l’alpage.
Charmey est située dans le district de la Gruyère, dans le canton de Fribourg. C’est une région encore très verte et agricole.
Les races suisses de vaches laitières sont largement représentées comme la Simmental, la Brune, l’Hérens, la Holstein (pas tout à fait suisse !).
Les vaches laitières ont la particularité d’avoir une ossature bien visible.
En patois fribourgeois :
Inalpe / alpée / Poya : montée à l’alpage en mai.
Désalpe / Rindyà : descente de l’alpage en septembre/octobre.
Les désalpes d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Le bitume, les 4×4, le monde, le bruit… le calme des alpages est bien loin déjà. Les reines du jour sont belles mais ne donneront pas un bon lait le soir. Les cloches sont impressionnantes mais semblent peser lourd sur certaines vaches.
Et pourtant, ce dernier samedi de septembre, le temps s’est arrêté. Malgré les progrès, l’alpage demeure un monde hors du temps. Les nouveaux agriculteurs transformés en armaillis – représentants de la paysannerie de montagne fribourgeoises et vaudoises – ont revêtu l’habit traditionnel, le bredzon, sont coiffés du capet et portent le loyi en bandoulière. Ils guident les troupeaux à l’aide de la krochèta et sont acompagnés des dames vêtues du dzaquillon. Les sourires ne se défont pas des visages. Ils sont photographiés, applaudis, en famille, fiers et heureux de revenir à la vie !
La descente des alpages est une fête pour le village qui participe au ravitailement des armaillis lors du passage des troupeaux dans la rue principale du village. Les kilomètres sont encore nombreux pour regagner l’étable.
Les chèvres sont désorganisées et curieuses, alors que les moutons restent groupés.
Les génisses ne sont pas tout à fait dans le rythme et les plus belles se font attendre mais entendre de loin, un tabouret à traire retourné entre les cornes avec un petit sapin orné de fleurs fraîches ou confectionnées en papier crépon.
J’espère que les chenayes retentiront jusqu’à vos oreilles et qu’un jour vous serez au coeur de ce folklore qui reste encore un petit peu, comme le pays, traditionnel et authentique…